AUBRAC : L’Alto Braco, instants magiques d'une beauté rude et sauvage
16 oct. 2020L'Aubrac, ce territoire des grands espaces avec ses landes de pierres granitiques et volcaniques, n'a d’égal que sa beauté aux couleurs mordorées, aux terres brûlées par le soleil.
ALTO BRACO, ce nom purement Occitan, qui veut dire "Haute tourbière" ou " teinte brune de la Tourbe d'Aubrac" donne tout de suite le ton : Comme au 1er matin du monde.
Ce paradis, c'est à la fois un peu la steppe de Mongolie, un peu d'Irlande, et c'est ce qui en fait tout son intérêt et son attractivité. Assez étonnant ! Bluffant !
Pendant 3 semaines, j’ai parcouru ces terres brutes et sauvages, à pied et à vélo principalement.
Venir en Aubrac, c’est s’offrir une parenthèse heureuse de bien-être et de douceur sauvage, loin du quotidien, dans une nature intacte et préservée.
Mais ces gigantesques plateaux ne sont pas constitués que d'immenses pâturages : Ce sont aussi des lacs, petites merveilles qui scintillent au soleil, des forêts, des cascades au doux murmure, et des ruisseaux qui ondulent en silence.
Témoins d'un passé volcanique mouvementé, des blocs de granit erratiques sculptés par les intempéries, parsèment çà et là, à l'infini les landes de terre.
Plateaux calcaires, basaltes, schistes, gorges, vallées, lacs, rivières, et tourbières, les bouleversements géologiques de l'Aubrac ont façonné un paysage de toute beauté.
Certains endroits semblent d'ailleurs empreints d'un certain mysticisme.
A l’inverse des plateaux brûlés par le soleil, L’Aubrac possède heureusement de chouettes petites rivières qui entaillent le paysage, que l’on nomme « Boraldes »
Ces ruisseaux sinueux inondent et égaient des campagnes verdoyantes. Ils abritent une faune aquatique riche, notamment la célèbre truite Fario.
Figure emblématique des plateaux de l’Aubrac, les burons ont un riche passé dans la tradition de la fabrication du fromage. Les bergers s’appelaient alors des « Buronniers ». Ce lieu était donc à la fois, un abri et un lieu de fabrication du fromage.
Ces burons, constitués de pierres et de lauzes, parsèment encore aujourd’hui les estives. Mais malheureusement, ils sont souvent en ruine, rongés par les caprices du temps.
Mais justement, ces cabanes d’une autre époque, donnent un cachet particulier aux estives, et sont d’un intérêt photographique évident.
Au souffle chaud d'été et aux blanches froidures, Aux nuées de rosée, aux caprices des vents, Sur ces immensités aux couleurs d'horizons, Se dressent immobiles les majestueux burons. Ils offrent à tout passant, de leurs cieux le reflet sur leurs murs de granit et leurs lauzes argentées.
De mon buron perdu sur les plateaux du massif des Enguilhens, j'observe amusé le mouvement des nuages tournoyants dans le vent frais du matin, souffle divin, que le vent déforme et reforme sans arrêt.
La brume qui voile les lointains plateaux de l'Aubrac a envahi l'espace, puis se dissipe petit à petit, pour laisser place au soleil levant.
Puis vient le moment où la lumière magique jaillit comme un feu d'artifice pour les yeux, pour l'âme, pour le bonheur d'être émerveillé tout simplement. Débute alors le grand spectacle de la nature, comme au 1er matin du monde, l'embrasement d'une journée harmonieuse. Plaisirs infinis.
Pour vivre la même expérience, c'est par ici (cliquer sur le lien) :
« IN LOCO HORRORIS ET VASTAE SOLITUDINIS »
« C’était un lieu d’horreur et de profonde solitude »
On peut comprendre l'origine de cette inscription que l'on trouvait sur une porte du monastère du village d'Aubrac, et qui prend là toute sa signification.
Pour s'en rendre compte, il suffit de parcourir ces immensités brûlées par le soleil, et parsemées de roches granitiques usées par le temps.
Parfois apparaissent des coins de ciel bleu, à travers des nuages qui se déchirent et se reforment au gré du vent, ou lorsque la brume du matin se dissipe peu à peu.
Randonner sur les sentiers de l’Aubrac, c’est découvrir un paysage avec un panorama grandiose, de l’ordre du mystique, du contemplatif.
D'un rouge vif éclatant, le sorbier des oiseleurs surgit un peu partout sur les chemins à l'automne : Selon les croyances, il est tour à tour considéré comme arbre sacré pour protéger le bétail, chasser les mauvais esprits, ou porte-bonheur pour les amoureux, son bois servait aussi à confectionner les sabots !
Oui, je suis un contemplatif !
Voilà un adjectif qui m’a souvent accompagné tout au long de mes découvertes.
Car sans jamais me lasser, j'avance, pas après pas, sur le chemin de l'émerveillement, et de la beauté.
Le regard droit, j'observe et me surprend même à contempler, tel un moine zen, le théâtre de la nature qui s'offre à moi.
Vivre l'instant présent. "Ichi ni ichi" célèbre citation japonaise, s'applique parfaitement en ces lieux emprunts d'un calme divin. Saisir l'éphémère pour le graver à jamais dans sa mémoire. Respirer ces odeurs d'herbes mouillées et boisées qui m'enivrent d'un doux parfum subtil.
Surtout, ne rien oublier : la lumière, les odeurs, les couleurs, les parfums, les paysages. Ne rien laisser sur son chemin. Que cela fleure bon l'automne naissant.
Je trouve fascinant de voir comme le soleil est beau, quand il se couche peu à peu, avec une explosion de couleurs, comme pour nous adresser un au revoir, et nous souhaiter une bonne nuit.
C’est incontestablement, un des moments forts de ce séjour en Aubrac.
La contemplation, c'est suspendre le temps à coups de beauté. »
Delphine LAMOTTE
De nombreuses croix parsèment le paysage, la plupart en granit, souvent usées par le temps, mais témoins infatigables d’une ferveur et d’un passé religieux fortement ancrés dans les traditions.
L’Aubrac comporte de nombreux sentiers de randonnée, dont l’incontournable Chemin de Compostelle (GR65). Certaines sections sont inscrites au patrimoine Mondiale de l’Unesco.
Seul dans le chemin de la solitude, à 2 ou en groupe, les pèlerins-randonneurs cheminent de longues heures, chacun à la poursuite de leur propre objectif, qu’il soit personnel ou religieux.
En septembre, les troupeaux de vaches Aubrac, races très rustiques et robustes, parcourent encore les estives : des superbes cornes en forme de lyre, son pelage ocre, et ses yeux au "beurre noir" maquillés de khôl, pas de doute, c'est l'emblème incontournable des plateaux de l'Aubrac.
Ses paysages, qui s'étendent à perte de vue, d'une beauté rude, authentique, et minérale, balayés par le vent, la pluie et la neige, sont parcourus par d'immenses troupeaux, qui font la fierté d'une population profondément ancrée dans leur tradition, et c'est très bien.
Je ne peux terminer cette présentation sans vous recommander chaudement ce gîte à la ferme, située à Anterrieux, en Aubrac, dans le Cantal.
J’ai choisi volontairement de m’éloigner des lieux de résidence plus connus, et je ne le regrette pas. Cécile & André vous réserveront un accueil à hauteur de leur gentillesse et de leur passion pour les animaux.
Élevage de vaches de race Aubrac et de chevaux de race auvergne, ils peuvent vous organiser des visites de la ferme avec goûter, des ateliers de teinture végétale et cosmétiques naturels à partir de plantes de l'Aubrac. Sans oublier de fabuleux produits de la ferme en vente sur place.
J’ai logé dans le gîte situé dans la ferme : décoré avec soin, c’est un véritable havre de paix !
fermedepradels@gmail.com